Les règles sur les pénalités en Formule 1 : ce qu’il faut comprendre

La Formule 1 est un sport complexe et exigeant, qui impose aux équipes et aux pilotes de respecter un règlement technique et sportif très précis. Parmi les nombreuses règles qui régissent la discipline, il y en a une qui concerne les pénalités infligées aux pilotes pour diverses infractions ou dépassements de quota. Dans cet article, nous allons vous expliquer comment fonctionnent ces pénalités, quelles sont les raisons qui peuvent les provoquer, et quelles sont les conséquences pour les pilotes et les équipes.

Sebastian Vettel conteste sa pénalité au GP du Canada 2019 en se déclarant vainqueur (Crédits : Dan Istitene/Getty Images)
Sebastian Vettel conteste sa pénalité au GP du Canada 2019 en se déclarant vainqueur (Crédits : Dan Istitene/Getty Images)

Les pénalités pour dépassement de quota

Sur l’ensemble d’une saison de Formule 1, chaque voiture bénéficie d’un quota maximum pour certains éléments de la monoplace comme les 7 parties qui composent le moteur ou encore la boîte de vitesse. Les écuries peuvent donc changer ces composants de manière limitée. Si elles sont amenées à dépasser le quota pour un ou plusieurs des composants, des pénalités sont appliquées sur la grille de départ.

Voici un tableau récapitulatif des quotas et des pénalités pour chaque élément :

ÉlémentQuotaPénalité au premier dépassementPénalité aux dépassements suivants
Moteur à combustion interne (ICE)310 places5 places
Turbo-compresseur (TC)310 places5 places
Système de récupération d’énergie cinétique (MGU-K)310 places5 places
Système de récupération d’énergie thermique (MGU-H)310 places5 places
Batterie (ES)25 places5 places
Unité de contrôle électronique (CE)25 places5 places
Boîte de vitesses (GB)45 places5 places
Allocation des différentes pièces de la voiture pour la saison 2022

Si un pilote cumule plusieurs pénalités pour avoir changé plusieurs pièces, il part du fond de la grille (pour 15 places cumulées).

Les raisons d’un changement peuvent être différentes. Parfois, les équipes y sont contraintes si l’un des composants est abîmé ou inutilisable. A certains moments de la saison, la raison devient stratégique. L’équipe sait qu’elle ne terminera pas l’année sans dépasser le quota et donc sans pénalité. La stratégie consiste donc à profiter de certains circuits bien précis pour écoper de pénalité.

Par exemple, lors du Grand Prix de Belgique 2022, plusieurs pilotes ont changé des éléments moteur pour bénéficier de pièces neuves et plus performantes sur des circuits où la puissance est importante, comme Monza. Ces circuits sont aussi favorables aux dépassements, ce qui permet aux pilotes de remonter dans le classement malgré leur recul sur la grille. Cependant, ce système de pièces limitées fait débat au vu du nombre grandissant de Grand Prix par saison. En effet, durant ce même Grand Prix à Spa-Francorchamps, 8 pilotes ont écopé de pénalités, et 6 sont partis du fond de grille.

Les pénalités pour infraction sportive

Les infractions sportives

Il existe de nombreuses infractions sportives. En voici une liste d’infractions sportives qui peuvent être sanctionnées en Formule 1 :

  • Voler le départ : partir avant que les feux rouges ne s’éteignent
  • Gêner un pilote : entraver la progression d’un autre pilote, notamment lors des qualifications ou lors des dépassements, notamment en cas de Drapeau bleu (obligation de laisser passer le pilote précédent)
  • Dépasser la vitesse autorisée dans les stands : rouler à plus de 80 km/h dans la voie des stands
  • Quitter la piste sans raison valable : couper une chicane ou sortir des limites de la piste pour gagner du temps ou du carburant, que ce soit volontaire ou non
  • Changer de trajectoire plus d’une fois : défendre sa position en zigzaguant ou en bloquant son adversaire
  • Causer un accrochage : percuter ou pousser un autre pilote hors de la piste
  • Ignorer les drapeaux ou les signaux : ne pas respecter les indications des commissaires de piste ou de la direction de course
  • Ne pas respecter le poids minimum : présenter une voiture trop légère lors du contrôle technique
  • Ne pas respecter le règlement technique : utiliser des pièces ou des systèmes non conformes ou illégaux
  • Ne pas respecter le parc fermé : modifier la voiture après les qualifications ou avant la course sans autorisation

Les commissaires sportifs sont chargés de juger les infractions et d’infliger les sanctions en fonction de la gravité et des circonstances.

Les pénalités

Les commissaires sportifs peuvent imposer l’une des pénalités suivantes à tout pilote impliqué dans un incident :
Les pénalités de temps : Une pénalité de temps de 5 ou 10 secondes. Le pilote doit entrer dans la voie des stands, s’arrêter à sa position d’arrêt aux stands pendant au moins cinq secondes, puis rejoindre la séance de sprint ou la course.
Si le pilote ne peut s’arrêter dans les stands, 5 ou 10 secondes seront ajoutées au temps écoulé de la session de sprint ou de la course.

Pénalité de Ricciardo au Grand Prix du Brésil en 2019 de 5 secondes (Crédits : F1)
Pénalité de Ricciardo au Grand Prix du Brésil en 2019 de 5 secondes (Crédits : F1)

Le Drive Through (pénalité de passage) : Le pilote sanctionné doit passer par la voie des stands sans s’arrêter dans les trois tours suivant la décision de la direction de course. Si le pilote ne rentre pas sous trois tours, le drapeau noir lui est présenté, signe de disqualification. Si une sanction est décidée dans les cinq derniers tours de course, un temps supplémentaire de 20 secondes sera ajouté au temps du pilote fautif.

Le Stop & Go : Le pilote sanctionné doit s’arrêter dans son stand pendant un temps déterminé (5, 10 ou 15 secondes) sans que son équipe ne puisse travailler sur sa voiture. Il peut ensuite repartir en piste. Cette sanction est plus sévère que le Drive Through car elle fait perdre plus de temps au pilote.

Si le pilote est responsable d’un accident et qu’il a abandonné durant une course, les commissaires peuvent lui attribuer une pénalité de 10 places sur la grille de départ du prochain Grand Prix. Dans certains cas exceptionnels, comme celui de Romain Grosjean en Belgique en 2012, une sanction d’un Grand Prix de suspension peut être attribuée.

Les conséquences des pénalités

Les pénalités en Formule 1 ont des conséquences importantes pour les pilotes et les équipes, tant sur le plan sportif que financier.

Sur le plan sportif, les pénalités peuvent compromettre les chances de victoire ou de podium d’un pilote, ou lui faire perdre des points précieux au championnat. Elles peuvent aussi affecter la stratégie de course ou le choix des pneumatiques. Par exemple, un pilote qui sait qu’il va reculer sur la grille peut choisir de se qualifier avec des pneus plus durs pour avoir plus de flexibilité en course.

Sur le plan financier, les pénalités peuvent entraîner des coûts supplémentaires pour les équipes, qui doivent produire plus de pièces ou payer des amendes. Elles peuvent aussi avoir un impact sur les revenus liés au classement des constructeurs, qui dépend du nombre de points marqués par chaque équipe.

Par ailleurs, les pénalités peuvent avoir un effet psychologique sur les pilotes ou les équipes, qui peuvent se sentir frustrés ou découragés par des décisions qu’ils jugent injustes ou incohérentes. Les pénalités peuvent aussi créer des tensions ou des polémiques entre les acteurs de la Formule 1, qui peuvent remettre en cause l’impartialité ou la compétence des commissaires sportifs.

Exemples d’infractions

Voici quelques exemples de pénalités marquantes en Formule 1 ces dernières années :

  • Au Grand Prix de Belgique 2012, Romain Grosjean a provoqué un carambolage au départ qui a impliqué quatre autres pilotes, dont Fernando Alonso et Lewis Hamilton. Le Français a été jugé responsable de l’accident et a été suspendu pour le Grand Prix suivant en Italie.
Accident du Grand Prix de Belgique 2012 (Crédits : RTBF)
Accident du Grand Prix de Belgique 2012 (Crédits : RTBF)
  • Au Grand Prix du Japon 2019, Charles Leclerc a accroché Max Verstappen au premier tour et a continué à rouler avec un aileron avant endommagé qui perdait des débris sur la piste. Le Monégasque a été sanctionné de deux pénalités de cinq secondes pour avoir causé la collision et pour ne pas s’être arrêté aux stands.
  • Sebastian Vettel a été disqualifié de son podium au Grand Prix de Hongrie 2021 car il n’avait plus assez de carburant dans sa voiture à l’arrivée. Selon le règlement technique de la Formule 1, il faut qu’il reste au moins un litre de carburant dans le réservoir pour que la FIA puisse effectuer des contrôles de conformité
  • Red Bull a été sanctionné d’une amende et de restrictions aéro pour avoir dépassé le plafond de budget en 2021. Selon le règlement financier de la Formule 1, les équipes ne doivent pas dépenser plus de 145 millions de dollars par saison, hors exceptions. Or, Red Bull a dépassé ce montant de 2,15 millions de dollars, ce qui constitue une infraction mineure. Red Bull a dû payer une amende de 7 millions de dollars et subir une limitation de 10 % de son temps en soufflerie et en CFD (simulation numérique) pour la saison 2023, limitant son développement.

Ces exemples montrent que les pénalités en Formule 1 peuvent avoir des conséquences importantes sur le déroulement et l’issue des courses, et parfois même sur le championnat.

En résumé

En conclusion, les infractions et les pénalités en Formule 1 sont nombreuses et variées. Elles visent à garantir le respect du règlement, la sécurité et l’équité sportive. Elles peuvent avoir des conséquences importantes sur le déroulement et l’issue des courses, et parfois même sur le championnat. Les équipes et les pilotes doivent donc faire preuve de rigueur et de discipline pour éviter de se mettre en faute et de compromettre leurs chances de succès.

Sources

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