L’effort physique d’un pilote de F1 pendant un Grand Prix

La Formule 1 est un sport mécanique qui met à rude épreuve les machines, mais aussi les hommes et les femmes qui les pilotent. Conduire une monoplace à plus de 300 km/h sur des circuits exigeants n’est pas une simple promenade de santé. C’est un véritable défi physique qui demande une préparation spécifique et adaptée. Quels sont les effets de la vitesse, des forces G, de la chaleur et du stress sur le corps des pilotes de F1 ? Comment s’entraînent-ils pour résister à ces contraintes ? Quelles sont les qualités physiques requises pour être un champion du monde ?

Les forces G : une pression énorme sur le corps

Les forces G sont des forces d’accélération qui s’exercent sur le corps d’un objet en mouvement. Elles sont mesurées en unités de g (symbole de la gravité terrestre). Par exemple, une force de 1 g correspond à la force que subit un objet au repos sur la surface de la Terre. Une force de 2 g correspond à deux fois cette force, et ainsi de suite.

Les pilotes de F1 sont confrontés à des forces G très importantes lors des phases d’accélération, de freinage et de virage. Selon les circuits et les conditions de course, ils peuvent subir jusqu’à 5,5 g voire 6 g. Cela signifie que leur poids est multiplié par 5,5 ou 6 selon la direction de la force. Par exemple, si un pilote pèse 70 kg avec son casque et son système HANS (Head And Neck Support), il peut peser jusqu’à 420 kg lors d’un freinage brutal. Ce système de sécurité permet d’éviter le coup du lapin en cas de choc violent.

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L’indication de la force g sur les visualisations télémétriques en Formule 1 (Charles Leclerc, Silverstone, 2020)

Ces forces G ont des répercussions directes sur le corps des pilotes, qui doivent lutter pour maintenir leur posture et leur concentration. Les muscles les plus sollicités sont ceux du cou, des lombaires et des abdominaux. Le cou doit supporter le poids de la tête, qui peut atteindre une cinquantaine de kilos avec le casque et le HANS. Les lombaires et les abdominaux doivent stabiliser le tronc et le bassin, qui sont soumis à des mouvements latéraux et longitudinaux.

Pour résister à ces forces G, les pilotes doivent avoir une musculature développée et renforcée. Ils suivent donc un programme d’entraînement spécifique, qui varie selon les goûts et les besoins de chacun. Certains privilégient la musculation pure, d’autres optent pour des sports plus complets comme le ski de fond, le vélo ou la boxe. L’objectif est de renforcer les muscles concernés sans prendre trop de masse corporelle, qui serait un handicap pour le poids de la voiture.

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Lando Norris en plein entraînement des muscles du cou

La chaleur : un facteur de déshydratation et de fatigue

La température dans l’habitacle d’une F1 peut atteindre jusqu’à 50°C lors d’un GP. Cette chaleur est due à plusieurs facteurs : le soleil, le moteur, les pneus, le cockpit fermé et les combinaisons ignifugées portées par les pilotes. La chaleur a des effets néfastes sur le corps humain, qui doit réguler sa température interne en transpirant.

La transpiration entraîne une perte d’eau et de sels minéraux essentiels au bon fonctionnement de l’organisme. Les pilotes peuvent perdre jusqu’à 3 litres d’eau lors d’un GP, ce qui représente environ 4% de leur masse corporelle. Cette déshydratation peut provoquer des crampes, des maux de tête, des vertiges ou une baisse des performances cognitives (et donc du pilotage).

Pour éviter ces désagréments, les pilotes doivent boire régulièrement avant, pendant et après la course. Ils disposent d’un système d’hydratation intégré à leur casque, qui leur permet de boire de l’eau enrichie en électrolytes à l’aide d’une paille. Ils doivent également s’adapter à la température ambiante du circuit, en s’acclimatant progressivement et en portant des vêtements adaptés.

Schéma du système d'hydratation dans une F1 avec le réservoir, la pompe et le tube. (Source : Craig Scarborough, @ScrabsTech sur Twitter)
Schéma du système d’hydratation dans une F1 avec le réservoir, la pompe et le tube. (Source : Craig Scarborough, @ScrabsTech sur Twitter)

Le stress : un facteur de risque et de motivation

Le stress est une réaction physiologique et psychologique face à une situation perçue comme menaçante ou difficile. Le stress peut avoir des effets positifs ou négatifs selon son intensité et sa durée. Un stress modéré peut être bénéfique pour la motivation, la concentration et la performance. Un stress trop élevé ou trop prolongé peut être nuisible pour la santé, le moral et la performance.

Les pilotes de F1 sont soumis à un stress permanent lors d’un GP. Ils doivent faire face à la pression de la compétition, aux risques d’accident, aux aléas de la course, aux attentes du public et des médias, etc. Le stress peut se manifester par une augmentation du rythme cardiaque, de la pression artérielle, de la respiration, de la transpiration, etc. Il peut également entraîner des troubles du sommeil, de l’appétit, de l’humeur, etc.

Pour gérer leur stress, les pilotes doivent avoir une bonne préparation mentale et émotionnelle. Ils doivent apprendre à se relaxer, à se concentrer, à se motiver, à se fixer des objectifs, à gérer leurs émotions, etc. Ils peuvent s’aider de techniques comme la respiration contrôlée, la visualisation positive, l’auto-hypnose, etc. Ils peuvent également compter sur le soutien de leur équipe, de leur famille, de leurs amis, etc. Tous les pilotes sont également suivis par un physiothérapeute et un coach sportif.

Lewis Hamilton et son ancienne physiothérapeute Angela Cullen
Lewis Hamilton et son ancienne physiothérapeute Angela Cullen

En résumé

Conduire une F1 lors d’un GP est un effort physique intense qui sollicite le corps des pilotes à tous les niveaux. Les pilotes doivent être capables de résister aux forces G, à la chaleur et au stress pendant plus d’une heure et demie. Pour cela, ils doivent avoir une préparation physique et mentale optimale, qui passe par un entraînement spécifique, une hydratation adaptée et une gestion du stress efficace. Les pilotes de F1 sont donc des athlètes à part entière, qui méritent le respect et l’admiration.

Lexique

  • Force G : force d’accélération qui s’exerce sur le corps d’un objet en mouvement
  • Système HANS : dispositif de sécurité qui maintient la tête et le cou du pilote en cas de choc
  • Électrolytes : sels minéraux dissous dans l’eau qui participent au bon fonctionnement des cellules
  • Rythme cardiaque : nombre de battements du cœur par minute
  • Pression artérielle : force exercée par le sang sur les parois des vaisseaux sanguins
  • Transpiration : évaporation de l’eau à travers les pores de la peau
  • Visualisation positive : technique mentale qui consiste à imaginer un scénario favorable
  • Auto-hypnose : technique mentale qui consiste à induire un état modifié de conscience

Sources

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